Il était une fois… Une forêt cachée au cœur de la cité.
L’univers d’Eva Jospin évoque celui des contes. La forêt y est omniprésente, lieu du mystère, de l’intériorité, de l’expérience initiatique…
En écho à la programmation du musée du Louvre axée cette saison sur l’art français du xviiie siècle, l’installation réalisée au centre de la Cour carrée revisite le thème du panorama, une forme de composition picturale née à la fin du xviiie siècle qui connut un énorme succès populaire au cours du xixe siècle. Le procédé consistait à recouvrir de peintures de très grandes dimensions les parois intérieures d’un édifice circulaire, de manière à immerger le spectateur dans le paysage représenté.
S’inspirant de l’architecture éphémère et des « folies » du siècle des Lumières, Eva Jospin a installé un pavillon sur pilotis au-dessus du bassin central de la cour et en a habillé les parois d’acier poli miroir dans lequel se reflètent les façades Renaissance du palais, comme un panorama inversé.
Une passerelle permet d’accéder à l’intérieur du pavillon où un couloir périphérique conduit à l’entrée d’une sorte de grotte située dans l’espace central.
Le visiteur se trouve alors plongé dans un paysage végétal impénétrable qui contraste avec l’aspect minéral, lisse et ordonné de l’environnement extérieur.
Fait de plaques de carton découpées et sculptées en haut relief, superposées en strates, lacérées ou finement ciselées, le décor forestier se déploie à 360° autour du spectateur, invitant celui-ci à l’introspection et au voyage intérieur. À « quitter la ville et les façades de pierre pour plonger dans un cœur qui est un “ailleurs” », comme le suggère Eva Jospin.
D’abord utilisé par l’artiste plasticienne comme substitut économique à des matériaux plus nobles, le carton est devenu son medium de prédilection. « Ce que j’aime dans le carton, c’est que ce n’est pas un matériau qu’on respecte. On peut tout arracher, tout recommencer et en même temps se servir d’une contrainte pour inventer ». En attaquant la structure même du matériau et en mélangeant des plaques de teintes et d’épaisseur diverses, l’artiste réussit à produire une très grande variété d’effets. La superposition des plans et des échelles crée des perspectives et donne l’illusion de la profondeur.
Le thème de la forêt, auquel elle se consacre depuis plusieurs années, s’est imposé à elle comme une évidence. Sujet universel, la forêt occupe une place essentielle dans l’imaginaire collectif. Tour à tour décor de contes ou de récits mythologiques, territoire du mystère, du « sauvage » et de toutes les peurs, elle peut aussi devenir un refuge, une cachette, un terrain d’aventures ou tout simplement un lieu pour rêver… À chacun la liberté d’y puiser ce qui l’inspire.
Le Panorama d’Eva Jospin est la première œuvre d’art contemporain exposée dans la cadre de la Cour carrée. Après l’exposition, l’installation sera démontée avant d’entreprendre un voyage autour du monde pour être exposée dans différentes villes.
Palais du Louvre, Cour carrée
Accès libre de 10h à 18h tous les jours sauf le mardi jusqu’au 28 août 2016.
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