Expositions

Drawing Now 2025 révèle les multiples facettes du dessin contemporain.

Au Carreau du Temple, la 18e édition de la foire dédiée à la création contemporaine du médium montre un art du dessin en perpétuel renouvellement.

Déployées dans un vaste éventail de techniques, de matériaux et de supports, les œuvres présentées par les 71 galeries réparties sur deux niveaux dans cet ancien marché édifié au XIXe siècle donnent un aperçu des explorations presque infinies qu’autorise le dessin dans son acceptation la plus large.
Dans le secteur principal de la foire, situé au rez-de-chaussée et regroupant une cinquantaine d’exposants, on découvre à la galerie Univer, près de l’entrée, les créations végétales de Marinette Cueco (1934-2023) faites de tiges entrelacées, de feuilles, de fleurs, de cailloux, ramassés par l’artiste au fil de ses promenades dans la campagne et patiemment recomposés ensuite dans son atelier en tableaux abstraits d’une grande poésie.

Marinette Cueco, Tondo, entrelacs de juncus capitatus (joncs capités), 2022, Galerie Univer / Colette Colla

Marinette Cueco, Galerie Univer / Colette Colla

Marinette Cueco, Aquilegia vulgaris, Famille des Renonculacées, Galerie Univer / Colette Colla

Dans l’angle du bâtiment, oscillant entre dessin et sculpture, l’œuvre en fils de piano de Gaëlle Chotard joue de ses ombres mobiles sur le mur de la galerie Papillon. L’artiste associe également fils métalliques et aquarelles dans des compositions aériennes.

Gaëlle Chotard, Sans titre, 2024, Galerie Papillon

Gaëlle Chotard, Sans titre, 2024, Galerie Papillon

Chez Nathalie Obadia, les portraits énigmatiques de Sophie Kuijken se déclinent sur un fond de plâtre qui, par sa couleur et sa texture, renforce le caractère mystérieux des personnages. Sur le même stand, on verra des aquarelles de Joris Van de Moortel illustrant des visions du purgatoire et de l’enfer inspirées de la peinture ancienne, présentées dans leurs cadres en résine fabriqués par l’artiste.

Sophie Kuijken, t-K.M.J., 2023, Galerie Nathalie Obadia

Joris Van de Moortel, Le Purgatoire, 2023-2024, Galerie Nathalie Obadia

À la galerie Réjane Louin, Dominique de Beir perce, troue, attaque le support de ses tableaux – ici du carton alvéolaire -, révélant les sous-couches et les strates cachées derrière cette « peau » sur laquelle elle disperse de manière aléatoire taches de couleur et griffures, comme un lointain écho de l’écriture en braille apprise par la plasticienne au cours de ses études.

Dominique de Beir, Par delà la surface, 2024, Galerie Réjane Louin

Chez le hollandais Maurits Van de Laar, on retrouve les grands collages de Susanna Inglada, artiste catalane installée à Amsterdam, mettant en scène des personnages débordant d’énergie pris dans de grandes scènes animées, parfois violentes, interconnectées les unes aux autres. Son travail, qui inclut aussi la céramique et l’animation, a été récompensé lors du vernissage par l’attribution du prix Drawing Now 2025 qui lui assure notamment une exposition au Drawing Lab l’an prochain.

Installation de Susanna Inglada, lauréate du prix Drawing Now 2025, Galerie Maurits Van de Laar

Les collages sont aussi pratique courante chez Jean-Charles Blais représenté par Catherine Issert, ou dans l’œuvre de Vera Molnar, disparue en 2023, exposée à la galerie Berthet-Aittouarès qui présente par ailleurs de belles encres de Chine d’Henri Michaux.

Jean-Charles Blais, 2024, Galerie Catherine Issert

Vera Molnar, Galerie Berthet-Aittouarès

Henri Michaux, Galerie Berthet-Aittouarès

La galerie Claire Gastaud expose une série de papiers gaufrés de Tania Mouraud, tandis que la Chilienne Sandra Vásquez de la Horra, exposée chez Bendana-Pinel, présente certains de ses dessins sur carton plié.

Tania Mouraud, Galerie Claire Gastaud

Sandra Vásquez de la Horra, Galerie Bendana-Pinel

Régulièrement exposé chez Martin Kudlek, l’artiste allemand disparu en 2007 Oscar Holweck a inlassablement sondé les potentialités esthétiques du papier, faisant surgir le dessin à travers les déchirures, les plis, les découpages de la matière. Sur le même stand, on s’attardera sur les dessins raffinés et mystérieux du Belge Gideon Kiefer, également montrés cette semaine au Salon du Dessin dans le cadre du prix de la Fondation Daniel et Florence Guerlain, prix attribué ce jeudi à l’Irlandaise Alice Maher, exposée ici par Purdy Hicks, avec ses puissantes figures allégoriques féminines caractérisées par de très longues chevelures enroulées en volutes.

Oscar Holweck, Galerie Martin Kudlek

Gideon Kiefer, Galerie Martin Kudlek

Gideon Kiefer, Salon du Dessin, sélection du prix Daniel et Florence Guerlain 2025

Alice Maher, Salon du Dessin, Lauréate du prix Daniel et Florence Guerlain 2025

Alice Maher, Pythia, 2025, Purdy Hicks Gallery

Le Français Jean-Christophe Norman exposé à la galerie C prend pour support les pages imprimées de journaux ou de livres, recouvertes ici de paysages marins aux ciels plombés infiltrés de lumière. Sur le même stand sont accrochés les dessins au stylo à bille du Belge Robin Wenn captant des instantanés de ‘rave parties’, série que l’on retrouve à la galerie Wilde, laquelle montre aussi une bel ensemble d’œuvres de Fabien Mérelle.

Jean-Christophe Norman, Seascape, étude pour Journal Intégral de Virginia Woolf / étude pour Lord Jim de Joseph Conrad, 2025, Galerie C

Jean-Christophe Norman, Galerie C

Robin Wenn, De la série Blue Rave, 2025, Galerie C

Fabien Mérelle, Ligne courbe, 2022, Galerie Wilde

Fabien Mérelle, Lové, 2024, Galerie Wilde

Presque en face, la galerie Husk abrite un dessin monumental du Belge Peter Depelchin, associant inspiration mythologique et attrait pour l’astrophysique, qui fourmille de détails parfois repris par l’artiste dans de petits formats.
Avec l’humour qui la caractérise, France Bizot a réalisé pour la galerie Backslash, en marge de sa série dérivée de polaroids, une collection de coussins en porcelaine décorés de motifs triviaux, comme un œuf au plat, un ballon dégonflé ou un gant orphelin.

Peter Depelchin, The Great God Pan, 2020, Husk Gallery

France Bizot, Galerie Backslash

On retiendra encore dans le secteur principal les impressionnants dessins d’architecture au fusain et l’immense polyptique à l’aquarelle de l’Allemand Joachim Bandau exposés à la galerie Maubert, les dessins au crayon et à l’aquarelle d’Edi Dubien dont l’exposition au musée de la Chasse et de la Nature connaît un grand succès, chez Alain Gutharc, les œuvres d’Abdelkader Benchamma et d’Oda Jaune chez Templon, et les petites encres sur papier cartonné de Barthélémy Toguo chez Lelong, parmi beaucoup d’autres.

Joachim Bandau, Bunker-Architektur I, 1977, Galerie Maubert

Joachim Bandau, Yellow Watercolour, 2006, Galerie Maubert

Edi Dubien, Sans titre, Galerie Alain Gutharc

Oda Jaune, Sans titre, 2025, Galerie Templon

Dans le secteur ‘Insight’, regroupant les galeries émergentes au sous-sol, se distinguent surtout les images floues semblant sorties d’un film de Dom Simon à la galerie Rodler Gschwenter, et les créatures étranges issues de l’imagination de Pierre Monestier à La Nave Va.

Dom Simon, Rodler Gschwenter Gallery

Pierre Monestier, Trio visage, 2025, Galerie La Nave Va

Pierre Monestier, Galerie La Nave Va

Le secteur ‘Process’ consacré au croisement du dessin avec d’autres médiums permet de découvrir à la galerie Binome, aux côtés des dessins sur calque de Baptiste Rabichon inspirés des images du cosmos produites par le télescope Webb [dont je n’ai pas réussi les photographies], les tableaux oniriques de Corinne Mercadier et les séduisantes séries Suaire (Saint ?) et Seuils d’AurelK.

Corinne Mercadier, De la série Rêves, 2023-, Galerie Binome

AurelK, De la série Suaire (Saint ?), 2024, Galerie Binome

Drawing Now Art Fair 2025
Carreau du Temple
4, rue Eugène Spuller
75003 Paris
Du jeudi 27 au dimanche 30 mars 2025
De 11h à 20h (19h le dimanche)

Photo de titre : Vue de la galerie Maubert avec des œuvres de Joachim Bandau © Isabelle Henricot

1 Commentaire

  1. de Montblanc Geneviève dit

    Très intéressant panorama, bravo Isabelle. De nombreux artistes à re/découvrir dans des univers parfois un peu sombres????
    Merci de partager tes belles connaissances artistiques.
    Kiss
    Gen

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