Après quelques éditions passées dans les anciens entrepôts de Tour & Taxis le long du canal, la foire bruxelloise dédiée à l’art contemporain regagne le plateau du Heysel au nord de la ville pour retrouver plus d’espace et de fluidité.
Quitté en 2016 par Art Brussels qui souhaitait se rapprocher du centre-ville, le site de Brussels Expo a retrouvé son public d’amateurs d’art : la BRAFA s’y est tenue pour la première fois en juin 2022 puis en janvier cette année, et Art Brussels s’y réinstalle pour cette 39e édition. À la différence de la Brafa installée dans les halls 3 et 4, Art Brussels a investi l’imposant hall 5 – palais principal de l’Exposition universelle de 1935 à la monumentale façade Art déco dressée dans l’alignement de l’Atomium – et son annexe latérale droite, le palais 6. Par son ampleur, le nouveau lieu d’accueil de la foire permet une meilleure circulation, avec une configuration des stands en îlots largement ouverts sur les allées, et la présence de deux entrées distinctes qui en facilitent l’accès, même si l’arrivée depuis le parking C situé à l’arrière, avec sa traversée de longs couloirs sinistres et glacés, n’est pas des plus conviviales. Il fait d’ailleurs assez froid dans la foire, où il vaut mieux rester couvert.
Issus de 32 pays différents, essentiellement européens, les 152 exposants sont répartis en quatre sections : Discovery qui rassemble 34 galeries présentant des artistes émergents dans une partie du hall 6, Rediscovery qui comprend 12 galeries exposant des artistes oubliés ou mésestimés de la seconde moitié du XXe siècle, regroupés le long d’une allée latérale du hall 5, la section Prime qui forme le corps principal de la foire avec une centaine d’exposants représentant des artistes bien établis ou à mi-carrière, répartis dans les deux palais, et enfin Solo, qui réunit les galeries proposant une exposition monographique sur une partie ou sur l’intégralité de leur stand.
Si les Belges y restent majoritaires, suivis par les Français dont plusieurs ont aussi un espace bruxellois, la foire compte cette année un nombre important d’exposants venus du sud de l’Europe. Selon Nele Verhaeren, nouvelle directrice générale de la foire, c’est le bouche-à-oreille lié au succès rencontré par certains d’entre eux l’an dernier qui a encouragé leurs confrères à participer à leurs côtés.
L’offre de cette édition est relativement classique et n’offre pas de grandes surprises : la peinture figurative y est largement dominante, on voit très peu de photos et de vidéos, la céramique est toujours bien présente et on observe surtout de très nombreuses œuvres textiles. Mais ce sont les expositions monographiques qui font l’intérêt principal de la foire. Beaucoup de galeries ont divisé leur stand pour proposer un solo show d’un de leurs artistes. C’est le cas de Meessen De Clercq qui montre une belle série de la Vietnamienne Thu Van Tran, dont on peut voir jusqu’en septembre les peintures monumentales à la Bourse de Commerce à Paris. La galerie Clearing présente trois grandes compositions de l’artiste thaïlandais Korakrit Arunanondchai, connu aussi pour ses vidéos, la galerie hollandaise Ron Mandos abrite une installation du Belge Hans Op de Beeck, Maruani Mercier expose un ensemble de vanités du Britannique Gavin Turk (Kerze, bougies), Kristof De Clercq montre l’installation photographique Primordial Earth du Belge Léonard Pongo et Templon présente un solo show de l’Américain Jim Dine. Signalons encore le travail poétique en laiton martelé du Mexicain Rodrigo Hernández chez P420 de Bologne, et les œuvres en néon de l’Italienne Marinella Senatore chez Ceysson & Bénétière.
Dans la section Rediscovery, Maurice Verbaet met à l’honneur les grandes compositions textiles de l’artiste belge d’origine polonaise Tapta, à qui le Wiels consacrera une exposition à partir du mois de mai.
Au total, la foire rassemble les œuvres de plus de 800 artistes, avec une très large fourchette de prix allant de quelques centaines d’euros (700 €, par exemple, pour les réjouissants masques en céramique du duo Eric Colonel & Thomas Spit chez Alice Gallery qui en présente plus d’une centaine) jusqu’à un million d’euros (notamment pour la splendide Nympha Montagna d’Anselm Kiefer chez Lia Rumma, dont le stand regorge d’œuvres magnifiques).
Visite en images :
Art Brussels
Brussels Expo, halls 5 et 6
Place de Belgique 1
1020 Bruxelles
Du 21 au 23 avril 2023, de 11h à 19h