Née il y a juste un an dans le contexte encore chaotique du covid, la petite sœur d’Art Brussels, encouragée par le succès de sa première édition, renouvelle son pari.
La foire anversoise dédiée à l’art contemporain rassemble 68 galeries dans le grand hall d’Antwerp Expo au sud de la ville. Pour sa seconde édition, le nombre de participants a augmenté de 20% et la proportion de galeries venant de l’étranger a progressé également, faisant d’Art Antwerp une foire à la fois locale – une bonne moitié des exposants sont belges, avec 14 galeries anversoises, 8 galeries venues de Flandre et 14 galeries bruxelloises – et internationale, avec 32 exposants venus de l’étranger.
Contrairement à la procédure suivie pour Art Brussels, où un comité de sélection opère son choix parmi les dossiers de candidatures des exposants, Art Antwerp procède par invitation envoyée aux galeries sélectionnées par un comité de galeristes belges.
Avec le retour à une situation sanitaire normalisée, le calendrier des foires a repris son rythme effréné, ce qui amène naturellement les galeries à faire des arbitrages. Ainsi plusieurs grandes galeries françaises, qui avaient accepté l’invitation d’Art Antwerp en 2021 grâce ou à cause de l’annulation d’Art Brussels deux années successives, ne sont pas revenues cette année (Kamel Mennour, Templon, Nathalie Obadia…). Les Français restent toutefois les plus nombreux parmi les exposants étrangers avec 10 galeries en provenance de Paris, suivis des Hollandais venus en voisins avec 8 galeries, des Allemands qui en comptent 4, de l’Espagne, l’Italie et la Suisse ayant chacune deux représentants, tandis que le Luxembourg, le Danemark, le Royaume-Uni et l’Autriche n’en ont qu’un. Pour ces galeries étrangères, la foire offre l’opportunité de rencontrer un nouveau public et de se rapprocher des collectionneurs locaux, nombreux dans la région d’Anvers.
Dans cette optique, certaines galeries étrangères ont fait le choix d’exposer des artistes belges, comme Laurentin qui présente sur son stand des œuvres sur papier d’Antoine Mortier et de subtiles déclinaisons chromatiques sur carton de Marthe Wéry, aux côtés d’une belle encre de chine du Chinois Walasse Ting. Une grande partie du stand est consacrée au Français Lionel Sabatté, exposé récemment dans l’antenne bruxelloise de la galerie, avec un bel ensemble de sculptures et d’œuvres sur papier. Juste en face, la galerie 8+4 de Bernard Chauveau montre du même artiste une série d’estampes et de sérigraphies sur papier japon ou sur plaque de métal.
Bon nombre de galeries ont choisi de privilégier la présentation d’un, deux ou trois artistes pour permettre aux visiteurs d’en avoir une approche plus homogène. La galerie RX consacre un solo show à Fabrice Hyber dont le travail fait en ce moment l’objet d’une exposition monographique à la fondation Cartier à Paris. Rossi Contemporary présente deux de ses artistes fétiches, Marie Rosen et John Van Oers. Chez Semiose, on peut voir un bel ensemble d’œuvres de Françoise Pétrovitch dont l’œuvre imprimé est exposé actuellement à la BNF à Paris.
Martin Kudlek montre des œuvres sur papier d’Oskar Holweck et de Simon Schubert. Claire Gastaud expose des tirages photographiques de la série Borderland de Tania Mouraud, ainsi que de grandes compositions architecturales de Georges Rousse. Le stand de la galerie Transit abrite notamment une nouvelle série de Bolders sur les péchés capitaux (I Peccati) de Johan Creten, déclinée ici en néerlandais, et de belles sculptures en bronze de Mehdi-Georges Lahlou.
Fifty One présente un éventail d’artistes dans lequel on retrouve Stephan Vanfleteren et ses séduisantes images en noir et blanc de la mer du Nord, les compositions très graphiques de Jan Yoors, des œuvres sur papier d’Arpaïs Du Bois, une jolie série de fleurs au crayon et pastel de Dirk Zoete et des collages de Katrien De Blauwer dont on a pu voir une exposition aux Rencontres d’Arles l’été dernier, sans oublier les photos de Saul Leiter célébré en ce moment par la galerie dans son espace anversois.
Chez Deketeleer, on découvre la version sur toile du travail de ROA, artiste urbain belge qui réalise sur les murs des villes du monde entier de grandes fresques d’animaux. Le talentueux Barthélémy Toguo est exposé chez Lelong & Co et chez Nosbaum Reding. Les galeries Alegria et Sorry We’re Closed ont associé leurs espaces pour exposer des sculptures de Thomas Kiesewetter. Le stand de Laurent Godin est peuplé de sculptures de la série Sans Papiers de Sven ‘t Jolle.
Même si les œuvres exposées ne sont pas toujours de premier plan – les galeries ont souvent un calendrier chargé et réservent leurs œuvres majeures pour les foires les plus importantes -, cette seconde édition d’Art Antwerp tient bien la route. La taille de la foire, ses larges allées, ses stands aérés, sont en outre des atouts appréciables pour les visiteurs. Reste à voir si le contexte de crise de cette fin d’année n’impactera pas trop les ventes, car si les galeries ne peuvent amortir leurs frais, elles risquent de ne pas revenir. C’est le difficile exercice d’équilibre auquel sont confrontés les organisateurs. En cette période de vœux, souhaitons-leur un bel avenir.
Encore quelques images :
Art Antwerp 2022
Art Expo
Jan van Rijswijcklaan 191
2020 Antwerpen
Du 16 au 19 décembre, de 11h à 19h
Photo de titre : vue de la galerie Laurentin © Isabelle Henricot
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